Jacques Mermet écrit à ce propos dans "il y a cinq ans, les Allemands à Compiègne" - Le Progrès de l'Oise - aout-septembre 1919 :
La ville eut l’heureuse fortune d’échapper à toute contribution de guerre pendant le séjour des Allemands. Cependant elle eut à donner une somme de 5.000 francs, non à titre de réquisition pour l’armée, mais pour les menus besoins de l’état-major de Von Kluck.
Voici comment les choses se passèrent. Un officier de l’état-major de Von Kluck se présenta à la Mairie.
- M. le Maire, dit-il à M. de Séroux, je viens pour une petite
réquisition... 11 faudrait 5 000 Fr. en argent pour les besoins de l’état-major du général.
- Bien, dit M. de Seroux, je trouverai cette somme.
- Il faut aussi des cigares, du tabac, des cigarettes.
- Je ne sais, répliqua M. de Seroux, si je pourrai vous en donner. Vos soldats ont volé tout ce qui restait dans les magasins.
- Vous ferez pour le mieux. Il faut également du chocolat, du sucre, du café.
L’énumération n’en finissait pas.
M. de Séroux s’occupa de rassembler ce qu’exigeaient les Allemands.
L’argent d'abord, M. Dublon, qui avait mis en sûreté l’avoir de la Caisse d’Epargne, pu fournir les 5.000 Fr., mais cette somme était en billets et les Allemands voulaient de l’argent.
M. Poilane fit le tour de la ville, alla chez les commerçants, chez les particuliers; il réussit à trouver la plus grande partie de la somme en pièces de quarante sous, de vingt sous, de dix sous. La somme se complétait par un rouleau d'or.
Pendant ce temps, M. Trouvé recherchait du tabac. Il réussit à découvrir une certaine quantité de cigarettes et de cigares. On se procura également de la poudre de cacao pour remplacer le chocolat introuvable.
Le lendemain matin, tout cela fut mis sur une brouette que M. Desessart, accompagné de M. de Seroux, poussa jusqu’au Château.
A la grille attendait l’offìcìer. Il prit sur la brouette plusieurs paquets de cigarettes et les jeta à ses camarades qui étaient dans la cour du château. Puis il entra avec M. de Seroux et fit l’inventaire de ce qu'on lui apportait L’argent fut compté avec soin ; tout à coup l’officier allemand aperçut le rouleau d’or. Il le caressa amoureusement.
- De l’or ! De l’or, répétait-il, les yeux brillants de convoitise.
Puis se décidant tout d’un coup :
- ça c’est pour moi !
Et il mit le rouleau d’or dans sa poche. "