"En voici d'abord deux histoires qui démontrent à quel point l'invasion de la France avait été soigneusement préparée par les services d'espionnage allemands, et combien nos ennemis étaient au courant de tout dans notre pays.....
Chez l'un des propriétaires d'autos, les deux officiers qui se présentèrent lui dirent :
« Vous avez une voiture telle marque, telle force (c'était assez naturel, la liste pouvait l'indiquer) mais ils ajoutèrent : « Cette voiture a sa carrosserie peinte en bleu foncé, une autre a une carrosserie jaune »
et le fait était vrai. Comment auraient-ils pu connaître ce détail autrement que par les données d'un espion venu dans la ville avant la guerre?
Dans la même maison un autre officier se présente :
« Monsieur, dit-il au propriétaire, vous vous occupez de timbres-poste ? —Moi, pas du tout. — Pardon, nous savons qu'ici, dans cette maison, il y a quelqu'un s'occupant de timbres et ayant une très belle collection. C'est vous ? — Non, c'est mon gendre, il n'est pas ici d'ailleurs, et sa collection, il l'a emportée; moi, je n'y connais rien, je vous l'ai déjà dit. — C'est fâcheux, j'aurais voulu faire des échanges : tenez, je vais vous montrer des timbres. — Absolument inutile, je le répète, je n'y connais rien; en outre en pleine guerre le moment est singulièrement choisi pour traiter semblable question. — Mal choisi? pourquoi attendre? C'est très ennuyeux... Après tout on se retrouvera; jesuis professeur de philosophie à Versailles ! "
Extrait de "Les Allemands à Compiègne" de Louis Le Barbier - 1915