Nous avons déjà dit que sur les instances de M. Sarazin, M. Butin, député-maire s'était soustrait à la vindicte allemande. M. Sarazin resta seul à la mairie, (avec M. et Mme Delacomptée, instituteur, Mlle Gougibus, institutrice, et Mlle Blanche Desessart, professeur de français à Vienne (Autriche) .Ces quatre dernières personnes firent preuve d'un dévouement remarquable et en ce qui concerne la dernière surtout, sa connaissance de l'Allemand rendit de très réels services à la commune. Ajoutons qu'un autre notable de Margny est également à signaler. C'est l'abbé Langlois, curé de la paroisse: il tenta très crânement, dès le lundi soir, une démarche auprès du commandant des forces allemandes en position sur le plateau. Il exposa que Margny était une agglomération de gens calmes à qui il convenait d'épargner toutes représailles. On l'écouta avec déférence, mais il n'obtint pour tout résultat que d'être gardé comme otage jusqu'à dix heures du soir. Dès le lundi soir, les ordres des réquisitions avaient commencé à pleuvoir. Ce fut d'abord 200 kilogrammes de pain, et l'habituelle caisse de bouteilles de Champagne (cela fait partie intégrante du menu des officiers allemands en France); d'énormes quantités de viandes cuites, de charcuterie, de fromage, de gâteaux secs, de tabac, etc.
M. Sarazin réussit à satisfaire les officiers allemands. Ce résultat les encouragea et dès le mardi matin, un officier se présentait à la mairie et exigeait 40 quintaux d'avoine. On dut aller les prélever sur le stock de M. Barbier….
M. Sarazin avait à peine réintégré la Mairie qu’un troisième officier survint. Celui là voulait piller les magasins de M. Coutte, épicier en gros rue d’Abbeville. L’adjoint eut beau expliquer à l’Allemand que M. Coutte habitait le territoire de Compiègne et non celui de Margny, l’officier ne voulut rien entendre. Ce monsieur entendait simplifier la carte de la région. Il décréta que jusqu’à l’Oise c’était Margny et au-delà de l’Oise, Compiègne. M. Sarazin dut s’executer et aller avec l’aide d’un forgeron, M. Stra, faire sauter la porte des magasins de M. Coutte. Ce fut pendant plusieurs jours un pillage éhonté ; les Allemands vendirent même des marchandises à certains civils…….
"Les Allemands à Compiègne" de A. Warusfel - La Gazette de l'Oise - 15 janvier 1915 et suivants