Revenons aux évènements qui marquèrent la fin de l'occupation allemande dans les journées du jeudi 10, du vendredi et du samedi.
Dans la matinée du 10, les ennemis se mirent en état de placer la ville en état de défense. Rues de Paris, Saint-Germain, d'énormes barricades furent construites. Au carrefour Napoléon, des canons furent cachés derrière la haie de la propriété de M. Outreq. Sur toute la zone qui allait du champ de manœuvres à l'Oise des tranchées furent creusées et garnies d'infanterie et de mitrailleuses. Ces tranchées n'étaient pas très profondes, les Allemands n'ayant pas le temps de 1es creuser: elles ne pouvaient servir qu'au tir couché. Les barricades étaient plus importantes. Ainsi celle de la rue de Paris, construite en face la forge de M. Droit, près de la mare Gaudry établie sur une épaisseur de 3 à 4 mètres et sur une hauteur de 1 m.50 environ
Pour la faire, on avait pris les matériaux 1es plus divers: poutres, instruments agricoles, lits de fer, bois de chauffage, la tout agencé avec des fils de fer. Le dessus et le devant de la barricade étaient couverts de terre. Cette barricade pouvait aider à une résistance sérieuse contre l’infanterie. C'était d'ailleurs le plus important. C'était surtout par là que l’on attendaitl'ennemi et les habitants de cette rue du quartier n'étaient pas sans appréhender fortement la rencontre des Allemands et des…Anglais, car nos malheureux concitoyens ignorant ce qui se passait croyaient bien voir revenir les soldats qu’ils avaient vu partir une dizaine de jours auparavant.
Le réservoir d’eau servait de poste d'observation. Deux hommes s'y tenaient en permanence, armés nuit et jour de jumelles ; ils communiquaient le résultat de leurs observations à un poste assez nombreux, qui s'était établi dans une maison inhabitée. De temps en temps un officier venait voir ce qui se passait.
Le 11, l'inquiétude des Allemands augmenta. Pendant la nuit de nombreux blessés avaient été amenés; on racontait tout haut que des dragons français avaient été vus entre Jaux et Venette. Vers midi, des troupes allemandes fourbues arrivèrent par la route de Lacroix-St-Ouen. Le temps qui, jusqu'ici avait été beau, changea. La pluie se mit àtomber par torrents. C'était la retraite.
"Les Allemands à Compiègne" de A. Warusfel - La Gazette de l'Oise - 15 janvier 1915 et suivants