Les Archives de l'hôpital du Val de Grace conserve en ses archives des rapports établis par les médecins militaires exerçant dans les hôpitaux près du front et qui décrivent avec beaucoup de précision les moyens de soins mis en oeuvre, l'état des blessés et des malades, les pertes humaines.
C'est un témoignage unique sur ce qu'a pu être la médecine de guerre à cette époque, sachant que nos soldats mourraient plus des conséquences de leurs blessures ou de leurs infections que des balles ou des éclats d'obus...
C'est un rapport manuscrit de 37 pages qui décrit avec force de détail la situation sanitaire dans les hôpitaux de Compiègne en 1914.
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Hilarion Ligouzat
En 1914 Hilarion Ligouzat est un homme dans la force de l’âge (42 ans) qui était sorti de l’école du Val de Grâce en 1894 dans la première moitié de sa promotion ; il est monté relativement vite grâce à ses 7 années passées en Algérie et dans les confins marocains. Il est alors médecin major de 1 classe et chevalier de la Légion d’Honneur. Il arrive à Compiègne comme médecin chef de la place et entreprend rapidement une réorganisation de la structure hospitalière qui impressionne ses chefs :
- En mai 1915, le chef de Santé des Etapes écrit « Chargé de la direction du centre hospitalier de Compiègne, M. Ligouzat a déployé dans ses délicates fonctions un zèle et une activité inlassable, coordonnant les efforts de ses subordonnés pour obtenir les meilleurs résultats possibles. Médecin du plus grand mérite »
- Toujours en 1915, sur un mode admiratif « Organisateur de l’ordre, il a créé et fait fonctionner le grand centre hospitalier de Compiègne, Senlis, Pont-Sainte-Maxence, centre hospitalier modèle justement admiré par les nombreuses personnalités médicales ou autres qui l’ont visité et, mieux, justement apprécié par les milliers de blessés et malades qui y ont été soignés »
- Enfin, le médecin inspecteur général du corps de santé « Médecin de très grande valeur, il a été accepté à tous égards comme chef par le personnel médical d’élite chargé à Compiègne d’assurer le service. Par son tact parfait il a réalisé le tour de force de faire converger pour le bien du service les bonnes volontés quelque peu indisciplinées des membres des sociétés de secours et des personnes de nationalités étrangères dont le concours avait été accepté. »
Ce dernier paragraphe fait allusion aux dames de la Société de Secours aux Blessés Militaires, dames du meilleur monde, qui gèrent entièrement les deux hôpitaux auxiliaires de Saint-Joseph et de la Compassion et ont leurs entrées chez les généraux. Bref on le voit comme organisateur, sachant mettre en valeur les institutions qu’il dirige et pratiquant une diplomatie fine qui amène les dames les plus en vue à adopter ses conclusions. Tant de qualités l’ont amené à être promu en 1916 médecin principal de 2 classe et à recevoir la rosette de la Légion d’Honneur en 1920.
Il avait quitté Compiègne en octobre 1915 pour l’armée d’Orient. Il a été rayé des cadres en 1924.
Le docteur Marcombes décrit au jour le jour l'évolution des cas à traiter et l'organisation hospitalière qui se met alors en place pour répondre aux besoins.
Philippe Marcombes
Philippe Marcombes est un cas exceptionnel car entré à l’école de santé militaire de Lyon, puis à l’école du Val de Grâce dont il sort fin 1899 en milieu de promotion, il quitte l’active au bout de 6 ans pour faire de la médecine de ville à Clermont-Ferrand en 1906. C’est donc comme officier de réserve avec le grade de médecin major de 2 classe qu’il est mis à la tête de l’ambulance 8/13 envoyée à Compiègne dans l’urgence. Son intervention a été unanimement saluée par sa hiérarchie :
- Note de 1915 « Excellent chef de service – dirige avec énergie et parfaite compétence l’ambulance 8 – S’est particulièrement fait apprécier par ses qualités d’organisateur – Au moment de l’arrivée du corps d’armée dans la région de Compiègne, il a été chargé de différents services hospitaliers de cette ville et, plus tard y a organisé des hôpitaux de typhoïdiques, s’acquittant de sa mission avec un plein succès »
- Extrait d’une lettre du médecin inspecteur Nimier du 29 octobre 1914 « Avant de me séparer du médecin chef de cette ambulance, je tiens à vous signaler la façon remarquable dont il a rempli son rôle de médecin chef de la place de Compiègne et les services qu’il a rendus, en particulier en organisant l’hôpital temporaire du Palais »
Par la suite il s’est spécialisé dans les gares régulatrices, notamment au Bourget lors de l’attaque allemande. Il termina la guerre comme médecin principal de 2 classe, titulaire de la Distinguished Service Medal américaine et de la Légion d’Honneur.
Il revint à Clermont-Ferrand dont il fut maire de 1919 à 1929 puis député et ministre. Il est mort d’une embolie le 13 juin 1935 alors qu’il venait d’être nommé ministre de l’Education Nationale.