Jusqu’à la fin août 1914, les ressources hospitalières de la ville ne posaient pas de problème majeur, même si les conditions d’hébergements ne satisfaisaient pas à toutes les normes de l’hygiène, particulièrement aux deux hôpitaux temporaires, l'hôpital n° 15 (l’Orangerie, au Palais de Compiègne) et l'hôpital n° 16 (les salles Saint-Nicolas appelées à l’époque le Grand-Ferré).
En revanche les petits hôpitaux auxiliaires gérés par la Croix Rouge convenaient et avaient démontré leur utilité lors de l’occupation allemande et après. Globalement la ville offrait 677 lits, dont il faut soustraire les 106 lits des salles militaires en réfection jusqu’à la fin août. Cela suffisait dans une période où « l’action militaire avait pris, il est vrai, un caractère d’intensité moindre mais alors que la morbidité par maladies estivales compliquait le service. »
Les prémices de la crise apparurent lorsque les deux hôpitaux temporaires furent déportés à Laval (247 lits) face à l’arrivée des allemands, que les infirmiers et médecins militaires se replièrent et que les blessés allemands emplirent les quelques hôpitaux encore disponibles.
La situation au 15 septembre, date de départ des Allemands de la ville, est ainsi décrite par le médecin major de 1er classe Hilarion Ligouzat :
« La ligne de front n’est pas encore fixée – elle est disputée – les blessés sont nombreux. La plus grande partie des ressources hospitalières relevant du territoire fait défaut – on compte à peu près 430 lits. Un hôpital d’évacuation s’installe dès le début à la gare de Compiègne. »
En d’autres termes « la marche de l’armée française est arrêtée après quelques fluctuations au-delà de l’Aisne et de la forêt de Laigue. Les combats sont rudes, le nombre des blessés est considérable. C’est la chirurgie qui polarise l’activité des médecins et règle pour un temps l’organisation des ressources locales. »
L’hôpital d’évacuation 7 achemine à partir du 19 septembre des centaines de blessés chaque jour, tandis que l’ambulance 8/13, appelée d’urgence dans la ville, optimalise les ressources locales au plus vite.
A partir du 22 octobre, les ressources envoyées à Laval reviennent à Compiègne, ce qui renforce la capacité hospitalière de la place, tandis qu’Hilarion Ligouzat transfert l’hôpital 15 dans le Palais. Cela porte la capacité hospitalière de la ville à 880 lits, sans compter les hôpitaux de Pont Sainte Maxence et Senlis qui sont annexés au Centre Hospitalier de Compiègne. Le chef de cet ensemble décrit brièvement les points essentiels qui caractérisent cette période qui s’étend du 22 octobre au 10 décembre :
" - Le front est fixe
- La ville de Compiègne est à l’abri définitivement
- Les moyens d’hospitalisations qui ont été désorganisés peuvent se reconstituer
- Le nombre des blessés diminue
- La fièvre typhoïde se manifeste en épidémie
- Le chiffre des lits est poussé à 1 286. » (y compris les hôpitaux de Pont Ste Maxence et Senlis)".
Le 10 décembre, Hilarion Ligouzat ouvre une nouvelle période avec le transfert de l’hôpital temporaire 16 (les salles Saint Nicolas) vers la caserne de Royallieu qui abritait jusqu’alors le dépôt du 54 régiment de ligne. Le nombre de lits passe alors à 2 676, y compris Pont Ste Maxence et Senlis.
Hilarion Ligouzat peut alors écrire : « La ligne de front reste d’une fixité complète. Il apparaît possible et nécessaire d’augmenter le nombre des lits qui est poussé à 2 676, de restreindre les évacuations à l’arrière des malades, de créer pour certains d’entre eux des services spécialisés et des laboratoires. »