Les fugitifs

31 août 1914, l'attaque allemande est maintenant imminente, il faut partir, très vite! Il n'y a plus de trains, reste la voie fluviale.
"De nombreuse péniches sont en panne le long de l'Oise, beaucoup de bateliers étant mobilisés. De temps en temps un remorqueur en emmène en file. Nous apprenons qu'un dernier convoi de battelerie se mettra en route demain à l'aube, nous obtenons de partir sur une péniche, seulement il faut être à bord à 4 heures du matin. Le lendemain à l'aube nous allons gagner l'écluse de Venette. Au pont nous tombons au milieu de bataillons d'Anglais et d'Ecossais en grand'garde.
Ce vieux pont de Compiègne a remplacé le pont du Moyen-age où Jeanne d'Arc combattit et fut prise; le voici maintenant défendu par les Anglais; c'est son dernier matin; la retraite continue; il sautera avant midi.
Nous avons mis trois jours sur notre péniche pour arriver à l'écluse de Bougival. Il y a beaucoup d'autres fugitifs installés tant bien que mal, avec des bagages recueillis à la hâte, sous des tentes arrangées avec des voiles. Le temps est superbe, heureusement.
Le voyage ne se fit pas sans mésaventure : une arrestation à l'écluse de Verberie sous l'inculpation d'espionage pour cause de ...croquis; conduit à la gendarmerie pendant que le convoi filait, filait...et après explication, 13 kilomètres à faire en courant pour rattraper le bateau et la famille à l'écluse suivante.."

"Autour de Compiègne en août 1914" d'Albert Robida

Sur l'eau-forte, Albert Robida s'est représenté : c'est l'homme qui porte une barbe, assis au milieu de sa famille.(NDLR)

Découvrez les détails du dessin d'Albert Robida

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